Force est de constater que, malheureusement, ni les comptes 2023, ni l’interprétation qu’en fait le Conseil d’État n’est surprenante. D’une part, les comptes affichent un déficit qui confirme que la politique fiscale choisie par le gouvernement produit des conséquences rapides sur les ressources de l’État. D’autre part, l’interprétation de la situation – qualifiée de « sérieuse mais maîtrisée » par le Conseil d’État – est assez simpl(ist)e : il faut « stabiliser la croissance des charges » et établir un « plan d’action» à cette fin.
Ces résultats et ces considérations ne sont malheureusement pas surprenants car ils étaient annoncés dans le Programme de législature. Celui-ci affirmait en effet, déjà, que la politique du gouvernement s’articulerait autour des baisses d’impôt et que l’évolution des dépenses serait subordonnée aux effets financiers desdites baisses d’impôts :
« Une dégradation de la situation économique pourrait aussi se traduire à la fois par la réduction des revenus et par un accroissement plus soutenu des charges. Le cas échéant, le Conseil d’État se verrait dans l’obligation de reconsidérer l’évolution de certaines dépenses en fonction des priorités définies ou la réalisation de certains projets. » (Programme de Législature 2022-2027, p. 87).
En clair : tout déséquilibre budgétaire conduira à une cure d’austérité afin de pouvoir respecter le plan de route des baisses fiscales prévues. La présentation des comptes 2023 est donc cohérente avec la doctrine annoncée.
Le SSP ne partage bien évidemment pas cette hiérarchie qui de fait subordonne la qualité des prestations des services publics et parapublics et les conditions de travail aux effets financiers d’une politique fiscale agressive. C’est finalement la population tout entière qui en paiera les conséquences. Nous luttons au contraire pour que ce qui appartient en commun aux habitant·e·s de ce canton – les services publics et parapublics – soient l’aune à laquelle s’ajuste la politique fiscale. Ce n’est en effet qu’à ce prix qu’une véritable politique démocratique peut être mise en œuvre.
Le SSP s’opposera par conséquent à toute réduction du financement des services publics et parapublics, maintiendra ses revendications d’indexation et de revalorisation des salaires (notamment dans le secteur parapublic sanitaire et social), et appelle le Conseil d’État à annuler les futures baisses d’impôt qu’il avait prévues. La situation commande de la responsabilité de sa part, non l’aventurisme dans lequel il s’est lancé.
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26.03.2024 | CP- Comptes 2023 VD | PDF (134,1 kB) |