Le 14 juin dernier, notre syndicat épinglait les autorités politiques de notre canton, en particulier le Conseil d’État qui avait sorti pour l’occasion sa parure violette pour tenter de grapiller quelques votes. Dans la publication qui accompagne sa photo, le Conseil d’État indique qu’il tient ainsi à marquer son engagement pour l’égalité. Se mettre en scène avec une tenue rose ou violette est bien loin de l’engagement attendu du Conseil d’État et de ses responsabilités en matière d’égalité des sexes en tant qu’employeur et plus généralement dans le canton. Cet opportunisme tranche avec l’absence, depuis plus de 5 ans, d’ouverture de négociations sérieuses sur les cahiers de revendications féministes déposés par notre syndicat avant le 14 juin 2019 et mis à jour avant le 14 juin 2023 (à consulter ici) !
Rappelons-le, les cas de harcèlement sexuel, comme récemment dénoncés au CHUV, sont encore banalisés et ignorés par nos autorités politiques aussi longtemps qu’ils ne sortent pas dans la presse. Plus grave encore, nous avons dû faire face à un nombre préoccupant de féminicides dans le canton de Vaud ces deux dernières années, sans que des moyens ne soient investis pour des mesures d’urgences et un véritable plan de prévention et de lutte contre les violences par les autorités politiques du canton. Les foyers d’urgence, comme le relève encore ce jour le Directeur du foyer de Malley-Prairie dans la presse[1], manquent encore et toujours de places et de financement suffisant et il n’existe toujours aucun programme de prévention obligatoire dans les écoles vaudoises pour lutter contre les violences sexistes et éduquer au consentement et au respect. La parure violette s’estompe…
L’opportunisme de l’habit violet tranche également avec l’absence de respect des obligations légales les plus élémentaires en matière d’égalité et toujours non respectées à l’État de Vaud en tant qu’employeur. L’exemple le plus flagrant est l’absence de locaux d’allaitement dans un certain nombre d’écoles vaudoises et la possibilité réelle pour les femmes qui le souhaitent de pouvoir organiser et prendre leur pause allaitement dans des conditions dignes et sans devoir batailler au cas par cas ! Le Département de l’enseignement et de la formation (DEF) s’est illustré à ce sujet par un projet de directive sur l’allaitement totalement hors sol et contraire aux dispositions légales en la matière dont vous pouvez lire la réaction du SSP-Enseignement ici, confondant par exemple la notion de « pause » et de « temps d’allaitement ». La parure violette devient blanche…
Le 5 décembre 2024, nous avons relancé le Conseil d’État dans un courrier que vous pouvez consulter ici sur la nécessité qu’il ouvre enfin des négociations au sujet de nos cahiers de revendications féministes – sans réponse ni accusé de réception à ce jour !
Certaines mesures rappelées dans ce courrier sont des obligations légales déjà existantes et non appliquées à l’État de Vaud que nous demandons à l’employeur de mettre en œuvre dans les meilleurs délais :
- Locaux et temps d’allaitement
- Congé familial en cas de maladie : mise en conformité de la Lpers au droit fédéral concernant les congés pour proche aidant et en cas d’enfant malade
- Respect des dispositions maternité / allaitement (OProMa)
D’autres mesures nécessitent l’ouverture de négociations entre l’État-employeur et notre syndicat. Sans que la liste ne soit exhaustive, les principales sont :
- Réduction générale du temps de travail (le 80% doit devenir le futur plein temps sans perte salariale ; garantie de retrouver son taux d’activité en cas de réduction liée aux tâches éducatives ou d’un proche malade dans un délai de quatre ans).
- Congés parentaux (allongement du congé maternité et paternité et mise en place d’un congé parental d’un an en sus)
- Maternité (dispositif de protection durant la grossesse et l’allaitement, remplacement systématique des congés maternités, locaux d’allaitement et comptage comme temps de travail).
- Accueil des enfants (1 enfant, 1 place ; mise en œuvre d’une politique cantonale de l’enfance ; amélioration du taux d’encadrement).
- Ré-internalisation des services de nettoyage et de restauration au sein du personnel de l’État.
- Salaires (notamment, le financement d’une pleine indexation, une meilleure reconnaissance du travail non rémunéré dans la fixation du salaire initial, une analyse genrée des salaires par secteurs et une revalorisation des professions majoritairement féminines, la baisse à 0 du seuil de tolérance des analyses Logib).
- Harcèlement sexuel (enquête pour documenter le problème ; campagnes de prévention).
Le 5 mars 2025, nous nous sommes mobilisées devant le Château pour une action symbolique dénonçant la politique de l’aubergine du Conseil d’État vaudois : violet à l’extérieur, page blanche à l’intérieure et pour l’inviter à se mettre enfin autour de la table des négociations !
Dans les mois qui viennent et en vue du prochain 14 juin, nous appelons tout.e.s les salarié.e.s de l’Etat de Vaud et au-delà à nous rejoindre, à s’organiser sur les lieux de travail et à lutter pour obtenir enfin de sérieuses avancées en matière d’égalité dans ce canton !
Dans un contexte international de montée de l’extrême droite et des systèmes de valeurs rétrogrades attaquant les droits des femmes et des minorités de genre, nous ne nous tairons pas et notre syndicat appelle à rejoindre la grande manifestation féministe du samedi 8 mars 2025 à 15h30 qui partira à 16h de Montbenon à Lausanne !
[1] Philippe Bigler, directeur du Centre d’accueil de Malley-Prairie indique en effet qu’en 2023, 80 femmes n’ont pas pu intégrer le centre le jour où elles le voulaient, 120 en 2024 (RTS info, 4 mars 2024).