Conciliation Études-Famille: une mobilisation pour acquérir des droits

de: SSP Section étudiante

Mardi 4 mars 2025, la Section étudiante du Syndicat des services publics a remis une pétition forte de 519 signatures à la direction de l’UNIL. Nous voulons des mesures concrètes pour garantir aux étudiant·e·s parents ou proches aidant·e·s des conditions d’études justes et adaptées.

photo Valdemar Verissimo

Ce dépôt de pétition marque une étape clé dans la campagne pour une meilleure prise en compte des besoins des étudiant·e·s ayant une charge familiale. Directement après cette action, une rencontre a eu lieu avec la vice-rectrice en charge de l’égalité, le vice-recteur en charge de l’enseignement et le Bureau de l’égalité afin de discuter des réponses et mesures concrètes à mettre en place.

Depuis 2022, des étudiant·e·s confronté·e·s aux défis de la conciliation études-famille ont commencé à se rassembler pour échanger sur leurs difficultés. Cette prise de conscience a mené à la création d’un groupe de travail au sein du SSP-étudiant·e·s. Plusieurs actions ont suivi : récolte de témoignages sur les réalités des personnes en formation avec charge familiale, une analyse approfondie des règlements d’études et des politiques universitaires, comparaison avec les pratiques d’autres universités en Suisse et à l’international… Le constat est amer : peu, voire pas de droits acquis, des réponses discriminantes et du cas par cas dans le traitement des situations.

Des chiffres accablants : la double peine des étudiant·e·s avec charge familiale

Les étudiant·e·s ayant des responsabilités familiales cumulent en moyenne 65 heures de travail par semaine (travail rémunéré et domestique), soit 15 heures de plus que leurs homologues sans charge familiale (OFS, 2024). Une double peine qui pousse ces étudiant·es à l’abandon ou à des études à temps partiel, avec toutes les conséquences que cela implique, telles que l’inéligibilité aux bourses d’études, l’allongement du cursus universitaire, une dépendance économique accrue, ou encore un report d’études.

L’UNIL affiche un engagement en faveur de l’égalité et des carrières féminines, mais les étudiant·e·s parents, en particulier les mères, restent les grand·e·s oublié·e·s de leur plan d’égalité.

Manque de places en structure d’accueil extrafamilial, emploi du temps incompatible avec la vie de famille, absence de cadre légal garantissant des aménagements d’études, les obstacles sont multiples et les solutions tardent à venir.

Le SSP réclame des mesures immédiates pour garantir une réelle égalité des chances :

Des droits acquis et unifiés

  • Un congé parental de deux semestres minimums à la naissance d’un enfant (sans exmatriculation) ;
  • L’exonération automatique de la taxe universitaire en cas de congé pour charge familiale ;
  • Ré-immatriculation facilitée pour les étudiant·e·s ayant dû interrompre leur cursus.

Un soutien institutionnel renforcé

  • Intégration des étudiant·e·s parents dans le plan d’action du Bureau de l’égalité ;
  • Sensibilisation du corps enseignant et de l’administration et mise en place d’aménagements académiques ;
  • Création d’un service de halte-garderie gratuit et flexible pour permettre aux étudiant·e·s d’accéder pleinement aux activités universitaires.

Des chiffres pour agir

  • Recensement officiel du nombre d’étudiant·e·s avec charge familiale à l’UNIL ;
  • Études sur l’accès à l’université pour les personnes avec charge familiale.

Un premier pas, mais des attentes claires

Lors de la première rencontre entre le SSP et le rectorat de l’UNIL, ce dernier a reconnu l’existence des difficultés et discriminations vécues par les étudiant·e·s-parent·e·s. Mais les paroles ne suffisent plus : nous exigeons des engagements concrets !

Nous appelons l’administration et le corps enseignant à développer des mesures afin de respecter ses notes d’intentions et de garantir à toutes et tous le même accès aux études.

Quelques témoignages

J’ai fait une demande de garde 4 mois après le début de ma grossesse pour une place en crèche, j’ai reçu une réponse 11 mois après. J’ai dû me débrouiller pratiquement un an sans place de crèche, j’ai parfois même dû venir en cours avec mon bébé. Les absences pour cause de manque de garde ne sont pas considérées comme des motifs d’absence.

Lorsque ma mère est revenue de l’hôpital, j’ai dû rester 24h/24 à la maison pour la surveiller. Je ne pouvais pas aller en cours. J’ai pu compter sur la solidarité de mes collègues pour me transmettre mes cours de droit que je manquais. À défaut d’avoir accès officiellement aux cours, on bricole.

Lorsque je pose des questions sur des aménagements possibles au vu de ma situation, la conseillère aux études me donne souvent des réponses floues, ce qui finit par me décourager. Puis elles s’en remettent à la décision des professeur·es qui, heureusement, sont très conciliant·es. Mais je perds beaucoup de temps à devoir justifier ma situation par e-mail.