Y aurait-il panique dans le royaume du syndic ?

de: Vanessa Monney

Crise au Musée romain de Lausanne-Vidy : lors du Conseil communal de mardi 1er octobre 2024, le syndic de Lausanne Grégoire Junod a passé beaucoup de temps à défendre sa gestion de la crise du musée romain et repousser une demande d’audit externe formulée dans une interpellation déposée par un groupe de conseiller·ère·s communaux·ales soutenant le personnel du musée défendu par le SSP. Pour ce faire il a malheureusement enchaîné les contrevérités dans le but d'individualiser un conflit collectif et d’inverser les rôles en victimisant la Directrice de musée. Ne reculant devant rien, le syndic est allé jusqu’à tirer la grosse ficelle de l’accusation de misogynie à l’encontre de notre syndicat car la directrice est une femme. Face à un tel déferlement de mauvaise foi, il nous semble important de rappeler quelques éléments objectifs de cette affaire. De plus, au vu des demandes faites dans l’interpellation, principalement un audit externe, on peut se demander pourquoi le syndic a déployé une telle énergie à défendre son bilan et délégitimer cette demande. Étonnant blocage dans la mesure où il affirme avoir bien géré la situation...

Après plus de vingt ans d’un fonctionnement d’équipe stimulant et de production d’expositions et de publications reconnues dans le monde de la muséologie, le Musée romain de Lausanne-Vidy (MRV) traverse une crise sans précédent. Depuis le changement de direction intervenu en juin 2022 les conditions de travail s’y sont détériorées (voir l'article de Jérôme Cachin à ce sujet).

La souffrance de l’ancienne équipe en place, dont il ne reste plus grand monde aujourd’hui, se lit dans les nombreux départs et arrêts maladie. Le décompte est sans appel : sur les sept personnes fixes employées au Musée avant l’arrivée de la nouvelle directrice – hormis trois réceptionnistes à 20% récemment titularisé·e·s, deux personnes sont en arrêt maladie longue durée (dont une est en procédure en justice à la CDAP), deux personnes ont été en arrêt de courte durée, dont l’une a démissionné ensuite et l’autre a annoncé son départ en retraite anticipée. Un autre a également pris une retraite anticipée. Et le douloureux décompte ne s’arrête pas aux salarié·e·s en poste fixe. Le personnel auxiliaire, avec des contrats particulièrement précaires, subit également des attaques: dès la fin 2023, les contrats de plusieurs auxiliaires n’ont pas été renouvelés, l’une après dix-sept ans de contrat en CDD, d’autres ont été tenues à l’écart des postes, certaines finissant par démissionner ne supportant plus les conditions de travail au Musée.

Après des mois de tentatives de discussion avec le service de la culture et le syndic, notre syndicat a dû se rendre à l’évidence : la tutelle administrative et politique du Musée n’a aucune intention de se pencher sur les causes des souffrances des employé·e·s. Bien au contraire, nous nous sommes retrouvé·e·s non seulement face à une longue succession de portes fermées mais avons dû également lutter contre des mesures visant à faire taire, à réprimer et à faire partir le personnel en souffrance.

Pour sortir de cette situation, le personnel défendu par notre syndicat a décidé de s’adresser au Conseil communal mardi 1er octobre dernier. Nous avons voulu alerter le Conseil communal grâce au dépôt d’une interpellation urgente, qui a été portée par la conseillère communale Lana Damergi (et signée par des conseiller·ère·s communaux·ales d’Ensemble à gauche et des Vert·e·s) , demandant à la Municipalité d’agir pour lancer un audit externe, protéger le personnel du MRV et compenser les personnes lésées. Nous avons accompagné ce dépôt d’une action publique devant le Conseil communal visant à sensibiliser les élu·e·s communaux·ales et le public.

Lors de la discussion, très tendue, au Conseil communal, le syndic a pris beaucoup de temps pour délégitimer les demandes figurant dans l’interpellation. Il l’a fait en alignant les contre-vérités, les distorsions et les accusations.

Le syndic a prétendu tout d’abord qu’il s’agissait d’un conflit inter-individuel et non collectif, argument qui ne résiste pas à la simple analyse du nombre de personnes en souffrance et impliquées avec le syndicat. Il s’est également dédouané de toute responsabilité alors même qu’il est directement responsable, avec le chef de service de la culture et ses ressources humaines, de l’escalade de ce conflit et de la gravité des conséquences sur les personnes dont l’avenir professionnel a été détruit ou brutalement stoppé. Il a enfin dépeint une situation de saine collaboration actuelle au Musée, sans mentionner les mois de remises au pas du personnel avec la volonté (qui s’est largement réalisée) d’écarter les personnes mécontentes au lieu de prendre en compte leurs critiques de la gestion des rapports de travail et de la réalisation des expositions.

La situation idyllique que dépeint le syndic au Musée romain de Vidy relève en effet de la fiction. Elle est le fruit d’une gestion calamiteuse qui a impliqué un renouvellement quasi-total de l’équipe. Or ce renouvellement résulte en bonne partie de la mise à l’index du personnel très compétent en place depuis des années. Les personnes concernées sont notamment les deux conservatrices en charge des expositions (l’une en procédure et en arrêt maladie, l’autre démissionnaire et après un arrêt maladie), mais aussi les autres collaboratrices et collaborateurs fixes en arrêt maladie ou partant en retraite anticipée, ainsi que les auxiliaires écartées ou démissionnaires. Un musée ne fonctionne pas seulement grâce à une direction, mais grâce à une équipe couvrant plusieurs métiers. Les gens en place de longue date dans ce musée étaient un atout précieux. La destruction de cette équipe est une grosse perte pour la culture muséale de l’institution.

Ignorer ce bilan social, c’est ignorer le sort des véritables victimes de cette crise, et de sa gestion autoritaire et unilatérale par le syndic et le service de la culture. Une gestion qui, relevons-le au passage, est très peu conforme aux discours officiels où la Ville se présente comme un employeur bienveillant et à l’écoute du personnel. Peu conforme aussi aux principes du programme BEST (Bien-Être et Santé au Travail) mis en place par la Ville, avec des cours pour cadres et autres mesures. Le bilan humain au Musée romain montre en réalité comment le syndic et le chef du service de la culture bafouent eux-mêmes ces principes.

Le syndic a cru bon d’ajouter un argument particulièrement inepte en tentant de faire de la directrice la victime de ce conflit. Pour ce faire il n’a pas hésité à aller jusqu’à accuser le syndicat de misogynie. La raison du conflit serait donc que la directrice est une femme.

À noter que, quelques jours après le syndic, Mme Savary, rédactrice en chef à temps complet du magazine Femina et féministe à temps partiel, a signé un édito dans son hebdomadaire qui reprend l’argument de la misogynie.

Dans un argumentaire maladroit, elle tente d’analyser les attaques dont sont victimes les femmes managers en prenant pour exemple la crise au MRV. Faisant écho à l’argument du syndic, elle attribue ainsi les critiques faites aux femmes managers à une forme de misogynie. Passons sur le fait que Madame Savary fait fi d’un conflit d’intérêt évident pour traiter d’un sujet impliquant directement son mari syndic. Le problème est en effet ailleurs. D’une part, elle n’a même pas pris la peine de contacter les deux parties concernées par le conflit. Si elle avait fait ce simple travail journalistique de base, elle aurait pu remarquer que la plupart des personnes lésées dans cette affaire sont des femmes. D’autre part, elle ne semble pas réellement comprendre qu’il n’y a pas que des femmes managers concernées, mais également des femmes salariées et que classe et genre se combinent de manière complexe dans ce type de situation. Tout cela aurait éventuellement pu lui faire comprendre que de défendre des femmes salariées mal traitées fait plus avancer la cause des femmes que de défendre une femme manager autoritaire, qui sait ? On se réjouit en tous cas de lire les prochains éditos de Femina : on pourrait penser à une défense du bilan de Mme Thatcher pour ses 100 ans en 2025…

Quant au syndic, estime-t-il qu’à la Ville de Lausanne les batailles syndicales ne peuvent être menées que lorsque des hommes sont à la direction ? Ou est-il simplement à court d’arguments pour justifier sa manière inacceptable de traiter ce conflit et d’en assumer publiquement les conséquences humaines ? Un constat est certain : le syndic a déployé mardi soir une énergie considérable pour qu’un audit externe ne soit pas mené. Un blocage étonnant dans la mesure où il a passé son temps à indiquer que tout allait bien et que tout avait été géré correctement.

Notre syndicat constate une récurrence des mauvais traitements des affaires liées aux conditions de travail du personnel par la Ville de Lausanne. Lorsque les salarié·e·s osent parler et faire remonter les problèmes, ils/elles se voient confronté·e·s à des couches successives de hiérarchies qui ne veulent pas les écouter et ce jusqu’au syndic, comme nous avons pu le constater mardi dernier. Cette politique ne fait que reproduire des situations dysfonctionnelles, générer de la souffrance et empêcher que les prestations soient à la hauteur de ce qu’elles pourraient être. Notre syndicat n’accepte pas ces manières brutales de remettre à l’ordre et de se débarrasser des gens. Il continuera à se battre pour défendre les salarié·e·s.

Les 10 faux arguments du syndic le 1er octobre 2024

  • Faux N°1: le conflit débuterait en automne 2023

Le conflit débute bien avant. En effet, les tensions ont commencé dès les premiers mois, autour de la communication interne, du cloisonnement d’une équipe de sept personnes en plusieurs « départements », de la réfection de l’exposition permanente, de la valorisation de l’exposition temporaire Retour vers le futur antérieur et de la mise à l’écart des médiatrices en fonction depuis des années. Des difficultés ont été très clairement signalées par plusieurs membres de l’équipe fixe à la responsable RH lors du bilan après neuf mois, donc en avril 2023. Sans résultat aucun. Un membre de l’équipe tentera ensuite de solliciter la consultante (octobre 2023), puis un autre le chef de service de la culture (octobre 2023), puis le syndic (décembre 2023, 20 février 2023, mars 2023). Mais tout au long du conflit, tout est mis en œuvre pour faire taire le personnel.

  • Faux N°2: le conflit serait en réalité un conflit individuel entre une conservatrice et la directrice

S’il est vrai que la directrice s’en prend à l’une des conservatrices au point d’obtenir une mise en demeure, de nombreux autres collaboratrices et collaborateurs ont fait état de leurs difficultés. Onze d’entre eux se sont engagés dans une action syndicale SSP. La seconde conservatrice, également en conflit, a démissionné. Les deux personnes qui partent en retraite anticipée ont pris cette décision à cause de leur mal-être au travail. Des auxiliaires ont fait état de leur dépit, certaines ont démissionné, d’autres ont été écartées. En réalité, il s’agit clairement d’un mal-être collectif que le syndic cherche à réduire en litige individuel.

Le syndic sait qu’il s’agit d’un conflit collectif puisque même lors de la seule rencontre où il était présent, une délégation de quatre personnes était autour de la table. Le conflit est loin d’être individuel et les conséquences humaines en attestent tristement. Il se targue également du fait que la Ville n’aurait prononcé aucun licenciement ; mais plusieurs contrats d’auxiliaires n’ont pas été renouvelés, une mise en demeure a été prononcée, une employée en congé maladie longue durée peine à être réintégrée, un poste a été vidé de toute substance et a mené à la démission d’une des conservatrices.

  • Faux N°3: une seule personne serait en arrêt de travail et une démissionnaire

Le syndic omet deux départs à la retraite anticipée qui n’étaient pas prévus auparavant (avec la réduction de rente AVS que cela implique) provoqués par la démotivation et le mal-être, ainsi qu’un autre arrêt maladie de longue durée et des congés maladie temporaires (au moins deux) liés aux mêmes raisons. Hormis les fixes, rappelons aussi l’éviction ou la démission des auxiliaires (dont une nouvelle démissionnaire depuis la séance du conseil communal).

Contrairement à ce qu’affirme le syndic, les autres arrêts maladie sont aussi liés aux conditions de travail comme l’affirment d’ailleurs les principaux intéressés.

Et n’évoquer que les arrêts de travail, c’est encore une fois passer sous silence les démissions, les contrats non renouvelés, les départs en retraite anticipée, etc.

  • Faux N°4: la fréquentation du musée serait excellente

Pour commencer, la fréquentation du musée n’atteste en rien de bonnes conditions de travail. Ensuite, les décomptes fièrement annoncés par le syndic doivent être nuancés.

La directrice compte comme visiteurs du musée les participants aux Garden Parties organisées par une instance extérieure, sans rapport avec l’activité muséale (environ 2000 à 2500 personnes par an en 2023 et 2024).

En 2023, de janvier à fin septembre, l’exposition qui a attiré tant de visiteurs d’après le syndic était Retour vers le futur antérieur, conçue non par la directrice actuelle mais par l’ancienne équipe, à commencer par la conservatrice mise en demeure et la conservatrice démissionnaire !

  • Faux N°5: le cellule ARC n’aurait pas été saisie

La cellule ARC n’a pas été immédiatement saisie parce que le personnel pensait résoudre le problème directement avec les RH d’abord, puis avec le service de la culture, puis en interpellant le syndic. Toutes ces démarches pour chercher de l’aide ont pris plusieurs mois. Ce n’est qu’une fois toutes les portes brutalement fermées, avec le constat d’une non-entrée en matière totale de la part de la hiérarchie et des ressources humaines et de leur parti pris absolu pour la directrice, que la cellule ARC a été saisie via le syndicat SSP. Lequel, avec le personnel, a rencontré les médiateur·trice·s le 28 mars 2024. La cellule ARC était prête à intervenir, mais le conflit était déjà trop avancé à ce stade et les atteintes à la santé trop importantes. De fait, l’intervention autoritaire de la Ville, prononçant d’ailleurs la mise en demeure le jour de notre rencontre avec la cellule ARC, avait réduit le champ d’une éventuelle médiation. Contrairement à ce qu’il prétend, le syndic avait connaissance de ces démarches auprès de la cellule ARC : elles lui ont été annoncées lors d’une rencontre le 20 février 2024, puis confirmées dans un courrier du 5 mars.

Par ailleurs, une demande de médiation a été faite au syndic par les employés et le SSP. La réponse du syndic a été de nommer à cet effet la même consultante externe qui avait accompagné la directrice à sa propre demande. Par écrit, les employés et le syndicat ont récusé le 5 mars 2024 cette consultante en soulignant qu’elle n’était pas neutre. La consultante elle-même a clairement spécifié, le 7 mars 2024, qu’elle n’avait pas de compétence en gestion de conflits. Nonobstant, le syndic a maintenu ce mandat et n’a jamais répondu au syndicat à ce sujet.

  • Faux N°6: la Municipalité serait intervenue correctement et aurait répondu à toutes les requêtes adressées au service de la culture ou au syndic

Du début à la fin du conflit, la seule réponse a été de faire taire, réprimer et pousser vers la sortie le personnel en souffrance.

Les requêtes en question (par exemple celle d’une conservatrice auprès du chef de service le 24 octobre 2023) ont toutes été accueillies sans suite, sinon une remise à l’ordre à l’ensemble de l’équipe (le 9 novembre 2023). Par ailleurs, la responsable RH a dit aux deux conservatrices, texto : « Il va falloir monter dans le train, ou songer à quitter le MRV ». Deux autres employés ont été incités à partir en retraite anticipée, ou accompagnés de manière enthousiaste vers la sortie par leur hiérarchie. Le syndic a également fait preuve d’une absence d’écoute totale lors de la rencontre du 20 février 2024 à l’hôtel de Ville, minimisant les souffrances du personnel venu le rencontrer.

Il n’a d’ailleurs jamais répondu au courrier adressé par le syndicat le 5 mars 2024 et s’opposant à la seule et unique mesure prise prétendument pour répondre aux doléances des salarié·e·s : prolonger le mandat de la consultante Nathalie Pichard, mesure à laquelle nous nous opposions.

  • Faux N°7: la consultante serait une mandataire neutre et indépendante

La consultante prétendument neutre et indépendante, a d’abord été mandatée à la demande et sur proposition expresse et nominative de la directrice: on peut rêver plus neutre et indépendant.

Selon le syndic, le second mandat de la consultante pour fluidifier la communication dans la préparation de l’exposition NOX aurait permis de très largement apaiser la situation. Le bilan humain précité (départs, mise en demeure, etc.) montre à quel point la situation a été apaisée!

Répétons-le : la consultante de Concilio a elle-même affirmé n’avoir pas les compétences en médiation lors de conflits et le personnel a clairement exprimé son refus de voir cette consultante manquant de neutralité intervenir dans ce rôle médiateur.

  • Faux N°8: dans les entretiens de collaboration qui ont été conduits par la directrice en 2024, six personnes se seraient déclarées très satisfaites, une personne se serait déclarée satisfaite

L’utilisation de cet argument par le syndic est au mieux partiel et partial, au pire de mauvaise foi. Il omet de signaler qu’en automne 2023, alors que le personnel en crise espérait beaucoup exprimer ses inquiétudes et son mal-être lors des entretiens de collaboration, ceux-ci ont été supprimés d’autorité par la hiérarchie (qui parlait d’un simple report, alors qu’en définitive ils n’ont jamais eu lieu). Les entretiens de collaboration, qui devraient précisément servir à l’échange et à la mise en lumière des problèmes, sont-ils annulés quand ils risquent d’être négatifs ? Lors des entretiens de 2024 vantés par le syndic, quatre membres du personnel fixe étaient déjà absents pour les raison précitées (arrêts maladies, procédure, démission). Entre la peur du personnel restant (au vu des mesures prises contre les personnes critiques) et l’engagement de nouvelles personnes par la directrice, il est désormais facile d’obtenir des bons entretiens.

  • Faux N°9: la directrice serait la victime dans cette affaire

Le syndic renverse la situation en victimisant la directrice alors qu’en face, il y a une équipe entière en souffrance et désormais décimée. Il s’agit d’un procès d’intention. Le SSP n’a jamais formulé ni suggéré de licencier la directrice. Nous demandions un dialogue et une prise en considération des éléments avancés par l’équipe par rapport aux problèmes rencontrés tant de communication, d’organisation du travail et de réalisation des expositions. Le syndicat dénonce uniquement la pression aveugle et autoritaire de la Ville sur des collaboratrices et des collaborateurs. Tout à leur défense assumée de la directrice qu’ils ont nommée, le chef du service de la culture et le syndic ont choisi d’ignorer les appels au secours et les voix critiques, et ils ont choisi de briser l’avenir professionnel des deux femmes compétentes et très expérimentées en charge des expositions. Ce sont d’abord eux et cette gestion brutale qui sont mis en cause par le SSP. Ensuite, les collaboratrices et collaborateurs concernés ne reprochent aucunement à la directrice d’avoir pris des directions, mais d’avoir manqué de clarté sur ses choix, de n’avoir présenté, et en partie seulement, son projet culturel à son équipe qu’au bout de 14 mois, ou de ne pas savoir elle-même définir son rôle dans la préparation des expositions.

Sur la prétendue chasse aux sorcières mentionnée par certain·e·s élu.e.s communaux: il s’agit d’une interpellation sur une situation de conflit collectif, qui s’est aggravé en raison de sa mauvaise gestion par le syndic et par le service de la culture. Une situation qui, rappelons-le, a fait de sérieux dégâts humains et sociaux. Alors que la directrice, elle, reste en place avec le soutien inconditionnel de sa hiérarchie. Dès lors, si victimes il y a, ce sont plutôt les gens (en majorité des femmes) dont l’avenir professionnel est brisé, qui sont en arrêt maladie, ou qui, écœurés, partent en retraite anticipée quitte à perdre une part de leur rente future. Le syndic et le chef de service de la culture auraient sans doute souhaité qu’en plus le personnel du MRV parte en silence?

  • Faux N°10: le syndicat ferait preuve de misogynie en attaquant la directrice

Pour rappel la misogynie est le fait d’éprouver du mépris, voire de la haine pour les femmes. Une attaque calomnieuse faite au syndicat qui a lancé le mouvement de la grève féministe dès le 14 juin 2019 et dont les revendications n’ont pourtant que peu intéressé le syndic.

Cette attaque calomnieuse est absurde (et ridicule); les victimes de la direction et de ses soutiens hiérarchiques sont avant tout:

- une femme (conservatrice) mise en demeure

- une femme (conservatrice) démissionnaire

- une femme (secrétaire) en arrêt maladie longue durée

- une femme et un homme (secrétaire et technicien) prenant une retraite anticipée

- trois femmes auxiliaires (médiatrices) écartées au profit d’un homme (moins qualifié qu’elles)

- sur trois auxiliaires de montage d’expos dont le contrat n’a pas été renouvelé, deux femmes.

La plupart des personnes lésées dans cette affaire sont donc des femmes. Le syndic et le chef du service de la culture, qui sont des hommes, ont brisé la vie professionnelle des deux conservatrices, sans tenir aucun compte de leurs arguments critiques, et sans mentionner une seule fois leurs apports pourtant essentiels aux succès passés du musée, ce qui révèle une totale ingratitude. Doit-on parler de misogynie? Cette utilisation abusive d’une pseudo-analyse féministe est inepte. Lorsqu’on est sollicité par un collectif de travailleurs, et en l’occurrence très majoritairement de travailleuses qui souffrent et tombent les unes après les autres, devons-nous garder le silence? Nous accusons le management de la directrice tout autant que l’attitude répressive du service de la culture et du syndic. C’est leur responsabilité d’avoir aggravé ce conflit plutôt que d’avoir dès le départ pris l’option d’écouter les inquiétudes et d’intervenir dans une optique d’apaisement et de médiation. Le choix du chef de service de la culture, appuyé par le syndic, a été tout autre : faire partir le personnel en souffrance, en ne laissant pas d’autre choix que de dénoncer publiquement leurs agissements.