Ce sont finalement plus de 57 000 signatures validées qui ont été déposées à la Chancellerie fédérale le 18 avril dernier et c’est un signal important! L’aboutissement de ce référendum permettra de mener des batailles essentielles sur le champ du système de santé. En effet, alors qu’il s’agit d’un besoin social fondamental, la politique de la santé en Suisse est largement pilotée par des acteurs privés qui exercent une influence déterminante et contraire aux intérêts de la majorité de la population. La votation à venir sur EFAS devra nous permettre d’ouvrir le débat sur le système de santé que nous souhaitons. Voulons-nous confier la gestion de l’ensemble du système de santé aux assureurs privés ou la santé doit-elle être considérée comme un bien commun et qui doit à ce titre rester en mains publiques? EFAS a été justifiée par ses promoteurs·trices par une volonté de «simplifier le système» en introduisant un seul payeur de prestations, mais pourquoi donc n’a-t-on pas décidé de faire gérer les milliards de francs de primes maladie par la puissance publique?
Le système LAMal est à bien des égards à bout de souffle. Il n’intègre pas les soins dentaires et sous-développe la prévention en matière de médecine du travail. Sur le plan financier, les primes explosent et étranglent les ménages. Toujours plus de personnes renoncent à se faire soigner par manque de moyens (ce qui ne les empêche pas de devoir s’acquitter des primes). Obnubilés par la question des «coûts» (comme si la santé pouvait être «trop chère»), les assureurs proposent des modèles d’assurance dits alternatifs qui rendent les assuré·e·s captifs·ves des options prises par les assureurs. Cette obsession permanente ne cesse de dégrader massivement la qualité des soins et les conditions de travail des personnels soignants qui perdent le sens de leur activité. Elle conduit également à une pression pour contenir les prestations de l’assurance de base. Ce qui permet, dans le même temps, aux assureurs de proposer des assurances complémentaires profitables assurant une meilleure prise en charge pour ceux·celles qui en ont les moyens. La médecine à deux vitesses n’est ainsi pas un risque, mais une réalité, les profits des cliniques privées sont là pour en attester. S’opposer à EFAS est incontournable pour combattre cette régression en marche.
Pour la population, les primes maladie constituent un sujet de préoccupation permanent et cette question va être au cœur des débats politiques pendant ces prochaines semaines. L’initiative pour l’allègement des primes revêt une dimension de pure nécessité. Elle pose la question du poids des primes et vise à fixer une limite à ce dernier. Fidèle à ses vieilles habitudes en matière de protection sociale, la droite hurle au gouffre financier que représenterait cette mesure. Or, les primes maladie peuvent être vues comme un impôt, puisqu’il concerne tout le monde. Il s’agit d’un prélèvement obligatoire effectué par les agents privés que sont les assureurs. Un prélèvement qui se caractérise par son aspect socialement régressif. Proportionnellement, ce prélèvement est plus élevé à mesure que le salaire est bas. Ce prélèvement ne connaît pas de limite et l’initiative vise à en fixer une, ni plus ni moins. À l’heure où les primes représentent plus de 14% du revenu des ménages, une limite à 10% représenterait une bouffée d’oxygène essentielle.
Ces combats majeurs qui nous attendent sont évidemment liés. Les discussions dans la rue lors des récoltes de signatures ont permis de toucher du doigt la colère de la population envers les assureurs et leur gestion du système de santé. Ces débats doivent être poursuivis car un changement du système de santé est urgent. La relance d’un projet de caisse-maladie unique et sociale, avec des primes proportionnelles au revenu, doit être un axe de travail majeur de ces prochaines années. Le défi futur consiste à investir dans la santé pour garantir à toutes et tous des soins de qualité et améliorer les conditions de travail des personnels soignants, deux objectifs qui doivent marcher de pair et qui passent par la défaite d’EFAS et une victoire le 9 juin!