Après des mois de ping-pong et une réponse insatisfaisante de la Municipalité de Lausanne le 16 octobre dernier, les sapeurs-pompiers ont décidé de marcher symboliquement de la caserne jusqu’au conseil communal demain 5 novembre 2024 afin de signifier leur mécontentement et remettre un courrier au Conseil communal.
Principalement en jeu, des mesures d’accompagnement de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite des sapeurs-pompiers sous forme de postes administratifs en fin de carrière pour répondre à la pénibilité du métier et qui n’ont toujours pas été mises en œuvre malgré un préavis de la Municipalité adopté par le conseil communal (N°2014/28 du 22 mai 2014). Dix ans après le vote de ce préavis au Conseil communal, l’âge de départ à la retraite des sapeurs-pompiers a bien été augmenté, mais les mesures d’accompagnement pour répondre à la pénibilité ne sont toujours pas en vigueur! La Municipalité accepte d’ouvrir des négociations mais en la liant à de nouvelles éventuelles péjorations des conditions de retraites des sapeurs-pompiers. Les sapeurs-pompiers demandent au contraire au Conseil communal de soutenir la mise en œuvre immédiate des compensations déjà votées en 2014 et dont l’application n’a que trop tardé. Ils accepteront ensuite d’ouvrir de nouvelles négociations sur tout autre point du statut.
Les sapeurs-pompiers sont également touchés par des problèmes managériaux et des difficultés toujours plus importantes pour assurer des effectifs suffisants sur le terrain. Avec le projet Vidis 20-25, les sapeurs-pompiers couvrent une aire géographique d’intervention de plus en plus importante. De manière étonnante, les postes pourtant à disposition du service ne sont pas tous occupés. Selon le rapport 2023 de la Direction de la sécurité et de l’économie, ce sont 12,5 postes à équivalents plein temps qui ne sont pas affectés en 2023 alors que les budgets les prévoient! Résultat: une planification à flux tendu, des sapeurs-pompiers rappelés fréquemment sur leurs jours de congé et des tensions qui augmentent car la conciliation avec la vie privée devient de plus en plus compliquée.
Leurs conditions salariales ont été récemment grignotées à deux reprises et les indemnités pour le travail de nuit sont très faibles (CHF 2.80/heure de nuit) en comparaison aux corps de police et ambulance de la Ville et par rapport aux autres dispositions en la matière dans le canton.
S’ajoutant aux points déjà exposés dans les différents échanges avec la Municipalité, ils subissent également ces derniers mois la pression d’une modification de leur règlement horaire, un point particulièrement sensible au vu de leurs horaires de travail très particuliers et des difficultés que cela engendre pour concilier leur métier avec leur vie privée et leurs responsabilités familiales. Le personnel de terrain a été exclu des discussions autour de ce nouveau règlement horaire. Malgré un projet de règlement toujours méconnu à ce jour, la Municipalité n’a toujours pas confirmé le report de son entrée en vigueur annoncée au 1er janvier 2025 et les mettant en difficulté pour la planification des prochains mois.
Les sapeurs-pompiers appuient l’interpellation urgente qui sera déposée aujourd'hui 5 novembre 2024 par le conseiller communal Pierre Conscience et demande aux membres du Conseil communal d’accepter les résolutions qui y seront proposées. Ils demandent principalement au Conseil communal :
- de faire respecter le préavis Municipal N°2014/28 du 22 mai 2014 et faire entrer en vigueur dans les meilleurs délais les modifications de leur statut concernant les fins de carrière difficile. Cette disposition avait été prise afin de répondre aux enjeux particuliers que posait l’augmentation de l’âge de départ à la retraite. Les dispositions avaient été négociées et il est incompréhensible qu’elles n’aient jamais été formellement avalisées. Contrairement aux intentions de la Municipalité transmise dans son courrier du 16 octobre dernier, la mise en œuvre de ces mesures ne doit pas être conditionnée à d’autres points de la négociation.
- d’appuyer l’augmentation de leur indemnité de nuit qui n’a jamais été revalorisée et qui est largement inférieure à celle des corps de police et d’ambulance et de toutes les réglementations publiques et parapubliques du canton de Vaud.
- de demander la mise en œuvre des mesures recommandées par l’audit lancé avec la société Arenas en 2020.
- d’accepter des baux partagés pour les places de parc en caserne.
- de reporter la mise en œuvre du nouveau règlement horaire au 1er janvier 2026 et d’appliquer au plus vite le règlement 2023/2024 pour la validation des jours de travail, de formations et de vacances pour 2025.
Au vu de l’importance de leur mission pour la population, les pompiers doivent être davantage reconnus et pris en considération par la Ville et la Municipalité doit s’engager pour améliorer leurs conditions de travail! C’est ce message qu’adresseront les sapeurs-pompiers ce soir aux membres du Conseil!