Les pompiers·ères de Lausanne sont déterminé·e·s à faire modifier leur statut!

de: Vanessa Monney, secrétaire syndicale SSP

À la caserne de Lausanne, la colère gronde parmi les sapeurs·euses-pompiers·ères professionnel·le·s qui assurent les interventions d’urgence et de sauvetage 24h/24 et 365 jours par an pour sauver les personnes, les animaux, l’environnement et les biens de la population.

Illustration: Vincent

Employé·e·s par la Ville de Lausanne, les sapeurs·euses-pompiers·ères font face à une pénibilité physique et des horaires particulièrement contraignants. Les interventions peuvent être très intenses, parfois dangereuses ou très longues, et les horaires de travail sont de 50 heures par semaine. Depuis plusieurs années, leurs droits sont bafoués par un jeu de ping-pong incompréhensible entre le Directeur en charge du service, Pierre-Antoine Hildbrand, et la délégation municipale aux affaires du personnel (DMAP) composée actuellement du syndic Grégoire Junod, de Florence Germond et de David Payot.

Retraites péjorées, aménagements dans les tiroirs

Depuis 2011, les conditions de retraite des sapeurs·euses-pompiers·ères ont été péjorées. L’âge de départ à la pré-retraite et à la retraite a été augmenté à deux reprises pour passer respectivement de 55 ans à 60 ans et de 58 à 62 ans. Pour tenir compte de la forte pénibilité du métier et de ses potentielles conséquences physiques et psychologiques, des mesures d’accompagnement ont été votées en 2014 par le Conseil communal de Lausanne. Elles prévoient d’inclure dans les réglementations des corps de police et des pompiers·ères, la possibilité, s’ils en font la demande, d’exercer une fonction à vocation essentiellement administrative sans péjoration de leurs conditions salariales, de libérer les pompiers·ères de l’obligation d’effectuer le test de résistance à l’effort passé l’âge de 55 ans et de remplacer les personnes qui demanderaient de bénéficier de cette mesure. La Municipalité a donc accepté le principe de prévoir des postes administratifs pour les pompiers·ères et ambulanciers·ères «à fin de carrière difficile». À la suite de ce vote, le statut des sapeurs·euses-pompiers·ères est renégocié entre la DMAP et notre syndicat et une version modifiée, intégrant ces mesures concernant la fin de carrière, était à bout touchant en 2016 déjà. Depuis, malgré plusieurs interpellations orales et écrites auprès du Directeur P.-A. Hildbrand et de la DMAP, le dossier est resté bloqué dans les tiroirs et la décision du conseil communal de 2014 n’a tout simplement jamais été appliquée! Dix ans après le vote de ce préavis au Conseil communal, l’âge de départ à la retraite des pompiers·ères a bien été augmenté, mais les mesures d’accompagnement pour répondre à la pénibilité ne sont toujours pas en vigueur!

Flux tendu

Des problèmes managériaux s’accumulent également ces dernières années à la caserne et augmentent les tensions. Avec le projet Vidis 20-25, les sapeurs·euses-pompiers·ères couvrent une aire géographique d’intervention de plus en plus importante. Malgré l’augmentation du nombre d’interventions d’environ 20% depuis 2018, les effectifs ont diminué. De manière étonnante, les postes pourtant à disposition du service ne sont pas tous occupés. Selon le rapport 2023 de la Direction de la sécurité et de l’économie, ce sont 12,5 postes à équivalents plein temps qui ne sont pas affectés en 2023 alors que les budgets les prévoient! Résultat: une planification à flux tendu, des sapeurs·euses-pompiers·ères rappelés fréquemment sur leurs jours de congé et des tensions qui augmentent car la conciliation avec la vie privée devient de plus en plus compliquée. Dans le cadre de la réorganisation Vidis 20-25, les conditions de travail les plus élémentaires de certain·e·s pompiers·ères ne sont pas respectées. Ainsi, plusieurs personnes ont été nommées début 2023 par le syndic pour prendre de nouvelles responsabilités. Or, il leur faudra près d’une année et l’appui de notre syndicat pour que leur salaire soit adapté à leur nouvelles responsabilités. Concernant les difficultés rencontrées dans l’organisation du service, un audit avait été mené en 2020 par l’entreprise ARENAS. Les problématiques soulevées avaient mené à un important travail de réflexion et des mesures devaient être prises. Quatre ans plus tard, l’audit n’a été suivi d’aucun effet à ce jour.

Salaires rabotés

Les déconvenues sont aussi salariales. Ces derniers mois, les sapeurs·euses-pompiers·ères ont vu leurs salaires nets baisser à deux reprises à travers une augmentation du prix des repas et la mise en œuvre du plan de mobilité de la Ville qui leur impose désormais de payer leur place de parking. Ils doivent pourtant composer avec des horaires particulièrement atypiques, leur description de poste les obligeant par ailleurs à disposer d’un véhicule pour pouvoir accéder à la caserne en 30 minutes, de jour comme de nuit. L’égalité de traitement avec les autres employé·e·s de la Ville a ses limites. Des disparités notoires existent au sein des métiers dits des «feux bleus». Par exemple, l’indemnité de nuit des pompiers·ères, qui ne s’élève qu’à 2,80 francs par heure de nuit est bien en-dessous de celle des policiers·ères et des ambulanciers·ères.

Mobilisation nécessaire

Au vu de l’importance de leur mission pour la population, les pompiers·ères doivent être davantage reconnu·e·s et pri·e·s en considération par la Ville et la Municipalité doit s’engager pour améliorer leurs conditions de travail! Les pompiers·ères sont prêt·e·s à se mobiliser pour se faire entendre.

Affaire à suivre, car, après une première non-entrée en matière du Directeur P.-A. Hildbrand, une dernière porte ouverte laissée à la DMAP qui n’a pas souhaité rencontrer les pompiers·ères, une rencontre aura finalement lieu entre une délégation du personnel accompagnée de notre syndicat, le Directeur P.-A. Hildbrand et le chef de service ce vendredi 28 juin 2024.