Le mardi 5 novembre marquera l’histoire de la caserne des sapeurs-pompiers de Lausanne. Pour la première fois de leur histoire, les sapeurs-pompiers professionnels de la Ville de Lausanne ont marché jusqu’au Conseil communal afin de remettre un courrier au Président du Conseil au sujet de leurs conditions de travail et des difficultés majeures qu’ils ont à se faire entendre par la Municipalité. Organisés avec leur association professionnelles A3P et soutenus par le Syndicat des services publics, ils essaient depuis des années de dialoguer avec la Municipalité sans succès. Après avoir remis officiellement leur lettre et accueilli les conseiller.e.s communaux.ales par une haie d’honneur, une interpellation urgente était déposée ce soir-là par le conseiller communal Pierre Conscience qui questionnait la Municipalité au sujet des préoccupations des sapeurs-pompiers.
Un défilé ordré et déterminé vers le Conseil communal
64 pompiers sont partis de la caserne à 17h et ont traversé le centre-ville de Lausanne pour rejoindre l’entrée de l’Hôtel de Ville. Le cortège s’est tenu de manière exemplaire : sérieux et en rang par quatre, les pompiers en tenue feu ont marqué les esprits des passant.e.s impressionné.e.s par ce défilé. Les 64 sapeurs-pompiers étaient soutenus également par leurs 21 collègues resté.e.s en caserne pour répondre aux éventuelles alarmes. Car leur travail ne s’arrête jamais. Les interventions d’urgence et de sauvetage peuvent intervenir 24h/24 et 365 jours par an. Au service de la population, les sapeurs-pompiers sont des héros du quotidien aux conditions de travail très particulières et qui ne se plaignent pas facilement auprès du Conseil communal. S’ils en sont arrivés là, c’est parce qu’ils n’acceptent plus le jeu de ping-pong entre les différents membres de la Municipalité.
La patience a des limites
10 ans après le vote d’un préavis Municipal au Conseil communal de Lausanne, les mesures pour compenser la pénibilité des fins de carrière n’ont jamais été mises en œuvre. Leur patience a des limites. Au vu de leur travail particulièrement exposé, pénible et risqué, les sapeurs-pompiers demandent à la Municipalité de respecter l’engagement qui a été pris en contrepartie de l’augmentation de leur âge de la retraite. En effet, contrairement aux mesures de compensation, l’âge de la retraite a lui bien été augmenté. Les sapeurs-pompiers demandent d’intégrer dans leur statut les articles réglant les fins de carrière difficiles comme négocié d’ailleurs en 2016 entre les partenaires sociaux. En cause également, une demande légitime d’augmentation de leur indemnité de nuit de CHF 2.80/heure de nuit. Située bien en-dessous de celles du service de Police et d’Ambulances de la Ville, elle ne reflète pas suffisamment la pénibilité que représente les nuits en caserne, ce d’autant plus que l’horaire hebdomadaire des sapeurs-pompiers se monte à 50 heures de travail par semaine. Pour finir, les sapeurs-pompiers demandent également le report de l’entrée en vigueur voulue au 1er janvier 2025 par la Municipalité d’un nouveau règlement horaire tant il semble impossible de planifier ce nouvel horaire d’ici le 1er janvier. Il faut encore ajouter à ce sujet que le personnel de terrain a été exclu des discussions sur ce nouveau règlement horaire ce qui est un problème en soi.
La Municipalité botte encore en touche
A la suite de l’interpellation urgente du Conseil communal par Pierre Conscience qui a fait remonter les préoccupations des sapeurs-pompiers, le Municipal Pierre-Antoine Hildbrand, Directeur du SPSL, n’a pas daigné prendre position et répondre aux questions de l’interpellation urgente déposée. Bottant en touche, il a indiqué que la Municipalité se positionnera par écrit, empêchant le débat d’avoir lieu ce soir-là dans l’hémicycle lausannois. La discussion du sujet est donc reportée de deux semaines au mépris des sapeurs-pompiers présents dans la salle et mobilisés ce soir-là. Alors qu’il s’agit d’un dossier vieux de 10 ans, on peut se questionner sur la nécessité de temps supplémentaire nécessaire à la Municipalité pour y répondre et alors qu’il s’agit du respect d’un préavis pourtant très clair et dont la mise en œuvre n’a que trop tardé.
Les sapeurs-pompiers sont déterminés
Cette absence de réponse le soir-même à l’interpellation urgente et ce report forcé de la discussion en plénum par la Municipalité est une décision très inhabituelle au sein du Conseil communal lausannois. Elle a non seulement choqué les conseiller.ère.s communaux.ales présent.e.s, dont un membre a même indiqué n’avoir jamais vu cela en 15 ans de conseil communal, mais a également renforcé la colère et l’incompréhension des sapeurs-pompiers professionnels. Ils attendent de pied ferme la réponse écrite de la Municipalité et seront là le 19 novembre prochain lorsque le débat aura finalement lieu dans l’hémicycle lausannois !
Galerie: Marche des sapeurs-pompiers - Lausanne - 5 novembre 2024
Photos Valdemar Verissimo
