Grève féministe massive: relançons la mobilisation sur les lieux de travail!

de: Vanessa Monney, secrétaire syndicale SSP

Plus de 20'000 personnes sont à nouveau descendues dans les rues de Lausanne le 14 juin dernier. Pour donner suite à cet élan remarquable, nous devons à présent relancer la mobilisation sur les lieux de travail, afin de faire aboutir nos revendications. Nous condamnons également l'intolérable agression fasciste qui a entaché la fin de la manifestation du 14 juin. Nous ne nous laisserons pas faire. ¡No pasarán!

Photo: Valdemar Verissimo

Cette année encore, nous étions des milliers à nous mobiliser le 14 juin 2024 et à manifester dans tout le pays à l’appel des collectifs de la grève féministe. A Lausanne, plus de 20’000 personnes ont manifesté dans les rues, avec des pancartes résolument engagées en faveur d’une société exempte de rapports de pouvoir patriarcaux, capitalistes et racistes. Le SSP y a porté les revendications syndicales et féministes pour améliorer les conditions de travail de nos secteurs professionnels largement féminisés ! La fin de la mobilisation a été gravement entachée par l’agression violente et intolérable d’au moins trois de nos militant·e·x·s par des individus d’extrême droite. Notre syndicat condamne fermement cette attaque et soutient le collectif contre ces agressions !

Non à la réforme LPP21 le 22 septembre prochain!

Ce 14 juin 2024, nous avons particulièrement appelé à la mobilisation contre l’arnaque de la réforme LPP21. Notre syndicat défend le droit pour chacun·e·x de vivre dignement à la retraite. Or aujourd’hui, la rente moyenne d’une femme est d’un tiers inférieur à celle d’un homme. Cet écart est creusé presque entièrement par la LPP. Croire que les mesures qu’on nous propose dans la réforme en votation le 22 septembre, y changerait quelque chose est une illusion. La LPP a été construite pour des carrières à temps plein typiquement masculines et il a surtout été conçu par les assureurs, pour les assureurs ! Le 2e pilier est un immense business, qui pèse 1’200 milliards de francs. Avec la réforme de la LPP, nous payerons 2,1 milliards de plus, chaque année pour des rentes réduites de 12%. La LPP n’a jamais tenu ses promesses : depuis 20 ans, les rentes ne font que baisser et elles vont continuer de fondre comme neige au soleil. C’est pourquoi le SSP s’oppose à LPP21. Le 3 mars dernier nous avons gagné une 13e rente AVS et pour nous c’est cela le chemin à suivre : renforcer l’AVS, qui reconnaît le travail éducatif et qui est une assurance solidaire, et non gonfler encore et encore le business du 2e pilier.

Reconnaître le travail non rémunéré et revaloriser les métiers du « care »

Dans son discours, à la fin de la manifestation, le collectif vaudois de la grève féministe lancé son prochain cheval de bataille, qui s’articule autour du travail dit de « care ». Ce terme désigne le travail de prise en charge et de soin, réalisé pour des enfants, des adultes et la société plus généralement. Ce travail peut être rémunéré, notamment au sein d’institutions publiques comme les crèches, les EMS ou les hôpitaux. Quand les tâches sont assumées dans le domaine privé, ce travail est non rémunéré. Dans les deux cas, il est majoritairement effectué par des femmes.

En Suisse en 2020, 9,8 milliards d'heures de travail de soins non rémunéré ont été effectuées. Si ce travail était rémunéré, il représenterait 434,2 milliards de francs suisse (source: OFS, 2020). Le « gène » du travail de soins ne fait pas partie de l’ADN des femmes et pourtant il leur est encore et toujours principalement assigné. La charge physique et mentale n’est pas prise en considération et il reste encore largement invisible. Il est pourtant indispensable au fonctionnement de l’économie et de la société. Même lorsqu’il est rémunéré, le travail de « care » est essentiellement exercé par des femmes dans des secteurs professionnels globalement sous-payés, dont la pénibilité et l’expertise professionnelle doivent être davantage reconnues. Ce sont ainsi essentiellement des femmes qui travaillent dans l’enfance, dans la santé et dans le social. Notre syndicat se bat résolument pour revaloriser ces professions historiquement sous-payées et pour reconnaître la pénibilité, l’importance et l’expertise de ces métiers.

Relancer les batailles pour faire aboutir nos cahiers de revendications

Cette année, parce que nous avons réussi à lancer seul et à récolter les signatures nécessaires au référendum contre la réforme EFAS (catastrophique pour le secteur de la santé et pour la population), notre syndicat n’a pas pu organiser en amont de véritables appels à la grève sur les lieux de travail. Ce n’est que partie remise car la lutte est loin d’être terminée. Notre syndicat va relancer les différents employeurs publics et parapublics afin d’exiger de sérieuses négociations sur nos cahiers de revendications. Si vous souhaitez rejoindre la commission féministe du syndicat, qui coordonne notre travail féministe au SSP Vaud, écrivez à .

Une attaque anti-féministe intolérable

A la suite de la manifestation pacifique dans les rues de Lausanne et des assemblées féministes à Montbenon, la soirée s’est poursuivie par une partie festive. Peu après minuit, des militant·e·x·s et participant·e·x·s ont été la cible de violences visant à faire taire nos luttes. Deux personnes ont été frappées par des hommes semblant appartenir à un groupe fasciste, dont certains ont fait des saluts nazis et provoquaient les personnes encore présentes. Les deux victimes ont dû finir la nuit aux urgences. Ces attaques, politiques, sont symptomatiques de la montée d’un fascisme décomplexé, en Suisse comme ailleurs en Europe, qui vise à faire taire les femmes et les minorités de genre, et à faire reculer des droits que nous avons durement acquis au cours des dernières années. Notre syndicat exprime toute sa solidarité aux victimes et au collectif de la grève féministe. A côté de tous les mouvements progressistes, notre syndicat continuera également à lutter contre l’extrême droite et sa haine, qui ne nous fera pas taire.