Les premières Assises du secteur social parapublic, organisées par la Commission paritaire qui réunit le SSP et ses partenaires syndicaux ainsi que l’AVOP, ont également associé les lieux de formations ainsi que trois Départements et leurs directions générales concernées autour d’un enjeu de taille : lutter contre la crise que traverse le secteur et garantir, tant pour les personnes accueillies que pour le personnel, la pérennité des prestations essentielles fournies par les institutions sociales. Au terme de cette journée, des résultats concrets, effectifs au 1er janvier 2024 ont pu être présentés : 15 millions vont être octroyés pour une première étape de rattrapage salarial. Pour près de 20 fonctions, dont les éducateurs/trices, les veilleurs/euses ou encore une partie du personnel administratif, cela se traduit par des augmentations moyennes de 2000.- à 5300.- du salaire annuel par EPT.
Cette première phase de revalorisation, dont le financement a été obtenu grâce à la formidable mobilisation du personnel en faveur des salaires cette année, n’est cependant qu’une étape d’une feuille de route plus large qui vise non seulement à adapter les salaires aux moyennes de référence mais également à faire évoluer les conditions de travail et de formation dans le secteur.
10 ans de convention collective unique dans le secteur social parapublic !
Dans quelques semaines, la convention collective de travail du secteur social parapublic (CCT social) fêtera ses 10 ans d’existence, même si elle n’a déployé ses effets que plus tardivement dans une partie des institutions membres de l’AVOP. Cette CCT, lors de son entrée en vigueur, a obéi à un objectif important, celui d’unifier dans un même texte les conditions de travail de l’ensemble des professionnel·le·s, quel que soit leur fonction ou leur lieu de travail. Car si les éducateurs/trices ou encore les MSP bénéficient de conventions spécifiques, toute une partie du personnel échappe à ces conventions et ne bénéficie pas des mêmes droits que leurs collègues.
Cette étape importante ne permet cependant pas de répondre à une série de problèmes qui se manifestent dans le secteur. Le SSP et ses partenaires appellent déjà à une revalorisation des conditions de travail dans un secteur fortement sollicité et en constante évolution.
En dix ans, la CCP a continué ses travaux, veillé à l’application de la CCT dans l’ensemble du secteur, fait évoluer les règles là elle le pouvait, et accompagné autant que possible les changements au sein du monde social.
D’un secteur en forte évolution…
Néanmoins, ces dix ans ont clairement été marqués par une péjoration de la situation au sein des institutions, particulièrement dans le secteur de l’hébergement, adulte et mineurs. Alors que les moyens manquent et que les professionnel·le·s attendent une revalorisation de leurs salaires et de leurs conditions de travail qui n’arrive pas, la population nécessitant un accompagnement augmente, les situations se complexifient et le rythme de travail s’intensifie. Les missions sont également marquées par une augmentation des exigences légales et administratives en termes de traçabilité ou encore de sécurité. Si les professionnel·le·s dans leur ensemble saluent ces mesures qui visent à garantir les intérêts des bénéficiaires, les moyens nécessaires à leur mise en œuvre manquent cruellement.
… vers un secteur en crise !
Les signaux d’alarme lancés depuis plusieurs années par le personnel et leurs représentant·e·s syndicaux/ales, trop longtemps ignorés, ont laissé place à une situation de crise marquée, dernièrement, par la fermeture en urgence de prestations.
Pénurie de personnel formé, sinistralité en augmentation et turn over mettent en péril le fonctionnement des institutions et font craindre de nouvelles fermetures et des conséquences directes sur le bien-être des bénéficiaires. Aujourd’hui, ces constats sont partagés et reconnus par l’ensemble des partenaires sociaux et par l’Etat, qui s’accordent enfin sur l’urgence d’y apporter des solutions.
Une nécessité d’agir !
Les financements manquent pour rémunérer correctement des professionnel·le·s pourtant pleinement investi·e·s dans leur mission et qui peinent à articuler sans dommage cet engagement avec leur vie privée et familiale : il faut donc revaloriser les salaires. Les financements manquent également pour garantir un cadre d’accueil bienveillant, fiable, sécure et respectueux des cadres légaux et des droits de bénéficiaires, adultes et enfants : il faut donc améliorer les conditions de travail et les moyens alloués aux institutions.
Une feuille de route pour le secteur social : un plan de revalorisation des salaires et 16 mesures
Vous trouverez ici le cahier des Assises présentant le résultat des travaux préparatoires présenté par la Commission partiaire lors des Assises du 24 novembre. Ce cahier présente :
- Le plan de revalorisation salariale visant un rattrape complet des salaires dans le secteur en comparaison vaudoise et romande. Sur un coût total estimé à 40 millions, une première étape de rattrapage pour un montant de 15 millions sera mise en œuvre au 1er janvier 2024.
- 11 mesures visant à améliorer les conditions de travail dans le secteur, notamment en revalorisation le travail de nuit ou encore en diminuant la charge de travail.
- 5 mesures visant à faciliter la formation, tant initiale que continue, dans les métiers du social.
Le Conseil d’Etat a désormais pris connaissance des travaux de la commission paritaire et des revendications conjointes des syndicats et de l’AVOP. Nous attendons désormais l’ouverture de négociations urgentes pour établir un calendrier de mise en œuvre de l’ensemble de ces mesures, nécessaire à garantir le fonctionnement et la pérennité des missions portées par les institutions sociales et leur personnel.
Cette journée des Assises a marqué l’aboutissement d’un important travail de consultation de nos membres et des terrains, ainsi que de concertation avec l’AVOP, représentante des employeurs, pour aboutir à un ensemble des mesures cohérentes et complémentaires nécessaires. Elle ne marque cependant pas la fin de nos efforts et de notre mobilisation, bien au contraire : dès janvier 2024, le SSP appelle l’ensemble des professionnel·le·s du secteur à se mobiliser à nos côtés pour obtenir, de la part de l’État, l’établissement d’une feuille de route responsable et concertée et la garantie des moyens nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures.
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13.12.2023 | Cahier des Assises du secteur social (2023) | PDF (1,6 MB) |