Rentrée scolaire 2018 : entre précipitation et atermoiement

de: SSP-Enseignement

Le SSP-Enseignement a pris connaissance des annonces du DFJC au sujet de l’éducation numérique. Sans contester l’attention portée à cette question, il s’inquiète néanmoins de la précipitation dans laquelle le processus s’initie et, notamment du manque de consultation et de discussion avec les actrices et acteurs concerné-e-s en premier lieu.

Le succès de la mise en œuvre de cette feuille de route, même si elle est pour l’instant limitée à dix projets, implique l’adhésion d’une large majorité de celles et ceux qui font l’école au quotidien. En effet, les enjeux pédagogiques qu’elle représente sont importants.

Quant au plan d’études plus précisément, le SSP-Enseignement ne souhaite pas le retour aux plans cantonaux; il demande donc une mise à jour du PER plutôt que l’élaboration d’un programme vaudois, programme rédigé dans la précipitation et sans consultation des enseignant-e-s, des organisations du personnel et des conférences des maîtres. Cette consultation est d’autant plus nécessaire qu’un changement de paradigme a été décidé avec l’intégration de la science informatique, qui mériterait une réflexion approfondie.

Plus généralement, le SSP-Enseignement estime que les aptitudes à faire usage des nouvelles technologies et à développer une approche critique face à elles font partie des compétences nécessaires aux élèves; ceci vient s’ajouter à de nombreuses autres compétences que les élèves doivent déjà acquérir; le SSP-Enseignement sera d’ailleurs attentif à ce que l’éducation numérique ne vienne pas diminuer le temps consacré à d’autres apprentissages, essentiels pour offrir à chacun-e une formation de qualité et émancipatrice. Mais une formation de qualité égale pour chacun-e implique également que des moyens soient donnés à tous les établissements afin que les enseignant-e-s puissent disposer des équipements adéquats et en nombre suffisant. Or, «nous constatons une très grande disparité entre les établissements en terme d’infrastructures, y compris au sein d’une même commune.», dénonce Julien Eggenberger, enseignant au secondaire I et président de la Région Vaud du SSP.

«Ce plan devrait également questionner les éléments pouvant influer sur le travail quotidien des enseignant-e-s », prévient Cora Antonioli, enseignante au secondaire II et présidente du SSP-Enseignement : saisie multiple de données, problèmes liés à la protection des données, danger accru de contrôles par la hiérarchie, risque augmenté d’évanouissement des limites entre la vie professionnelle et privée, accélération et mise sous pression pour l’effectuation d’une tâche, apparition de nouvelles tâches (jusque-là allouées par exemple au secrétariat); «le numérique doit servir à alléger voire à supprimer certaines tâches des enseignant-e-s et non à participer à une surcharge administrative », ajoute-t-elle.

Cette surcharge administrative constitue d’ailleurs une des revendications importantes contenues dans la pétition nationale du SSP « Laissez-nous enseigner ! Stop à la mise en danger de notre santé ! Nous voulons offrir une formation de qualité à nos élèves !» remise dernièrement au DFJC ainsi qu’à la CDIP.

Par ailleurs, à l’heure de cette nouvelle rentrée des écoles, le SSP-Enseignement exprime son inquiétude au sujet du concept «Vision à 360°» en lien avec la mise en œuvre de la Loi sur la pédagogie spécialisée (LPS), reportée d’un an, mais dont nous n’avons pas la moindre nouvelle depuis de nombreux mois. Ce projet, dont les orientations générales sont soutenues par notre syndicat, est d’une telle ampleur qu’elle doit faire l’objet d’une consultation large, condition sine qua nond'une large appropriation de cette évolution par tous les groupes professionnels concernés. Quant au volet de la LPS dans le degré post-obligatoire, il n’a pour l’heure, à notre connaissance, fait l’objet d’aucune information, ni d’aucune discussion - a-t-il même été déjà développé? De nombreux autres dossiers qui pourraient potentiellement améliorer la situation sont en attente sans qu’aucun agenda ne soit connu à ce jour ; dans l’école obligatoire (socio-éducatif, simplification du cadre réglementaire au secondaire I, consolidation de la VG, …), dans le post-obligatoire (décharge des suivis de travaux personnels, post-Decape,Ecole de commerce : surcharge de travail, exigences pour les postes, mise sous pression, organisation semestrielle et conséquences,…);et sur les questions statutaires (temps partiels, période probatoire,…).

S’il est vrai que les chantiers à (re)démarrer ou à poursuivre au DFJC semblent particulièrement nombreux un an après l’arrivée de sa nouvelle Cheffe, le SSP-Enseignement se réjouit de la solution durable enfin trouvée pour les 650 assistantes et assistants à l’intégration. Après plusieurs années de revendications et de négociations menées par le SSP et les autres organisations syndicales, c’est une victoire d’étape importante, même s'il reste encore de nombreux points à éclaircir. Le SSP sera aux côtés des personnes concernées dans les mois à venir afin de défendre au mieux leurs droits!